Salaün
Magazine
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Bienvenue en Albanie ! Il y a des endroits et des moments où l’on vou-
drait que les kilomètres s’allongent. C’est le cas entre Dubrovnik et Tira-
na. Un peu plus de trois cents kilomètres qui longent la côte adriatique
en faisant un petit détour par les bouches de Kotor, au Montenegro. C’est
tout simplement fabuleux. Du premier au dernier kilomètre, il n’y a rien
à jeter. Au bout de quelques virages vous dominez déjà Dubrovnik et son
cœur de pierre. Un dernier coup d’œil dans le rétroviseur et vous filez vers
le Montenegro, petit pays mystérieux et discret dont la façade maritime
est de toute beauté. Avec les bouches de Kotor, bordées de hautes mon-
tagnes arides ; puis la baie de Budva et sa magnifique petite île de Sveti
Stefan, couverte de maisons aux tuiles rouges, et qui abrite désormais
un hôtel de grand luxe. Le passage de la frontière s’est fait en toute
simplicité, par un chemin de traverse, à un poste qui ne doit pas voir plus
de dix voitures par jour. Il fait grand soleil et le mercure flirte avec les
30°. Et on se dirige ainsi doucement, par une route en corniche, vers la
secrète Albanie. L’entrée dans ce pays marque une vraie rupture avec les
pays traversés depuis Brest. La campagne est pauvre, les chevaux sont
encore au travail et dans les rues des villes les mendiants s’accrochent
aux voitures arrêtées aux feux rouges. […] Il est près de 23 heures quand
nous arrivons à Tirana. La capitale albanaise est plongée dans le noir
et il faut être vigilant dans les rues mal éclairées où circulent piétons
et animaux. Mais c’est déjà un vrai bonheur d’être dans le « Pays des
aigles ». Il y a quelques années encore, il était risqué et très difficile de
se hasarder en Albanie. Aujourd’hui le pays s’ouvre et entretient de bons
rapports avec ses voisins.
L’aigle albanais a la plume douce. Pour ne rien vous cacher, on appré-
hendait un peu cette étape albanaise. Son enfermement durant des
décennies, sa réputation de violence moyenâgeuse ne faisait pas de ce
pays une destination attractive, même si la curiosité pouvait vous inci-
ter à en pousser les portes. Comme quoi il faut toujours se méfier des
préjugés : l’Albanie est un pays extraordinaire et son peuple l’un des
plus aimables et des plus accueillants qui soit. La capitale, Tirana, ne
possède aucun charme particulier. Elle semble avoir été construite dans
le désordre et aligne, dans un style soviétique improvisé des immeubles
bricolés un peu tristes. Mais depuis que le pays s’est ouvert, les rues de
la ville ont trouvé une nouvelle vie et les lumières du monde moderne lui
apportent une touche de couleur. Certains quartiers totalement fermés,
autrefois réservés aux palais présidentiels et gouvernementaux, sont
devenus des quartiers branchés, conquis, comme par provocation, par
une jeunesse albanaise qui respire avec gourmandise cet air de liberté.
Même si l’Albanie a du mal à se remettre d’un demi-siècle de commu-
nisme borné qui a détruit son économie et saccagé son agriculture, les
Albanais sont fiers de leur pays et heureux de pouvoir en parler aux visi-
teurs accueillis à bras ouverts…
Extrait du carnet de route >>>>> >>>>> >>>>> 12 et 13 mai. Croatie-Albanie, Dubrovnik-TIRANA
« Il y a quelques années encore, il était risqué et très difficile
de se hasarder en Albanie. Aujourd’hui, le pays s’ouvre et
entretient de bons rapports avec ses voisins »
Sur la
route, dans
le nord de
l’Albanie.
L
a nuit est tombée sur Qing-
dao. A une quarantaine de
kilomètres du port, dans un bar,
les français de cette ville ont invité
les participants au raid à présenter un
diaporama et une conférence sur le raid.
La voix de Jean Lallouët commentant
les images qui défilent trahit l’émotion
de revoir ces visages amis croisés au
fil des kilomètres, ces pays devenus
familiers, ces chemins de terre ou de
pierre, ces coups durs et ces coups de
cœur défiler sur l’écran. Etonnant de
découvrir que lorsqu’on est en Chine,
l’exotisme, l’ailleurs, c’est là-bas, vers
l’Ouest, vers le milieu, la Mongolie, la
Sibérie, le Kazakhstan ou le Kyrghistan.
Là-bas… d’où nous sommes venus. Sur
le port, une torche balaye la rangée de
conteneurs où sommeillent les véhicules
du raid. Rien à signaler. L’Amarok, qui
signifie « grand loup solitaire » dans
la langue des Inuits, replonge dans ses
souvenirs. Direction l’Albanie…
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