Salaün
Magazine
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magnifique sur le Tibre et le Vatican. A
deux pas de l’église, quelques curieux ne
manquent pas de jeter un coup d’œil à tra-
vers le trou de serrure du prieuré de l’Ordre
de Malte : on y découvre à l’horizon, la
gigantesque basilique Saint-Pierre de
Rome, parfaitement alignée à l’extrémité
d’une allée fleurie de roses. Ce lieu insolite
ajoute encore à l’impression d’avoir percé
dans le Testaccio et l’Aventin le secret
d’une Rome pudique, authentique et qui
ne s’offre pas au premier venu.
Mémoires d’Outre-Tibre
J’ai pris de la vitesse en longeant le Tibre
et choisi de le traverser par l’île Tibérine,
au milieu du fleuve. C’est un des points
de franchissement vers le quartier de
Trastevere, « Au-delà du Tibre ». Dans la
longue liste des merveilles romaines, ce
quartier est aujourd’hui assurément en
tête de liste. Prisé il y a une vingtaine
d’années encore pour son côté populaire
et authentique, Trastevere s’est quelque
peu embourgeoisé et a subi une cure de
jouvence. Un lifting qui n’a pas échappé
à la curiosité des visiteurs. Ils n’hésitent
plus à franchir le fleuve pour se perdre
dans ses charmantes ruelles, ses places
qui abritent de petites trattorias et de
charmantes églises comme celle de Santa
Maria della Scala. A l’écart du centre
ville, Trastevere a gardé de nombreuses
demeures médiévales, des rues pavées et
un côté rustique attachant. Le soir tombé,
ses ruelles tortueuses attirent les fêtards
qui y trouvent une kyrielle de petits bars
aux terrasses bruyantes. De bon matin ou
tard le soir, lorsqu’on le découvre sous
l’éclairage orange qui rappelle celui des
torches d’antan, se perdre dans les ruelles
tortueuses de Trastevere est un régal. Ali-
gnement de deux-roues, linge pendu aux
fenêtres, vignes poussant sur les toits ter-
rasses, câpriers qui surplombent les ruelles
aux enduits colorés… Paradis des bobos
romains, le Trastevere n’a plus grand
chose à voir avec les bas-fonds décrits
par le poète du quartier, Trilussagarde.
Il garde cependant un peu de son côté
canaille, entretenu par certains cafetiers
qui emploient encore l’argot local.
En selle, je remonte du Trastevere vers la
corniche arborée de la colline du Janicule,
qui offre de superbes panoramas sur Rome
et promet des pauses à couper le souffle,
devant la fontaine Fontana dell’Acqua
La piazza Mincio et les excentriques
palais de l’étonnant quartier de Coppede,
où se marient tous les grands styles
architecturaux historiques de Rome.
La façade de l’Eglise
Saint-Yves-des-Bretons.