Aujourd’hui, une longue étape – 600 kilomètres
– nous attend. Elle nous fera plonger dans
l’immense Kazakhstan – 9e pays au monde par
sa superficie – et nous conduira au bord de la
mer d’Aral.
Divine surprise ! La route est un vrai billard. Une
longue ligne droite taillée dans une steppe
immense, ondulante et quasi-désertique, qui se
perd à l’horizon.
500 kilomètres sont ainsi avalés en un temps
record dans le calme de ce dimanche matin. Le
ciel, légèrement nuageux, joue avec la
végétation de la steppe, lui faisant changer de
couleurs au gré de ses fantaisies.
Les voitures sont rares, les villages aussi.
Quelques cafés minuscules et isolés bordent la
route. On s’arrête y boire du thé ou avaler une
soupe chaude.
Aral. C’est avec un pincement au cœur et un
certain malaise que l’on aborde cette ville qui
fut le plus grand port de pêche de la Mer d’Aral
et qui, depuis vingt ans, vit à marée basse. La
mer d’Aral, qui était jusqu’en 1960 la quatrième
mer intérieure au monde par sa superficie a été
vidée de ses eaux pour irriguer les champs de
coton. En 2004, sa superficie a été divisée par
quatre et son rivage nord s’était éloigné de plus
de 100 kilomètres du port d’Aral.
Une catastrophe écologique, économique,
sanitaire, humaine dont la ville – 30000
habitants - porte les traces. Les maisons sont
pour la plupart délabrées, les rues défoncées et
sales ; l’hôtel où nous logeons a condamné,
faute d’entretien, trois des quatre étages qu’il
compte.
C’est comme si toute une population, privée de
sa mer et de ses bateaux, avait baissé les bras.
En panne d’avenir.
Nous sommes allés à la recherche de la mer
partie. Et des traces qu’elle a laissées derrière sa
retraite forcée.
Salaün Magazine
l
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Aral, la Mer partie
Sur le bord de la route, les vendeuses de
lait de chamelle.
Depuis la disparition de la mer, la ville
d’Aral se délabre inexorablement.