Dans cet isolement, une population de solides
montagnards a continué à travailler sa terre
comme autrefois, oubliée par le progrès. En par-
courant ses vallées on découvre une vie rurale
d’un autre siècle. On y coupe le foin à la faux ;
on y arrache les pommes de terre à la houe ; les
chevaux et les bœufs tirent de minuscules char-
rettes et les troupeaux de vaches et de moutons
traversent, matin et soir, les villages, sous la
conduite de bergers aux visages burinés.
Le bois. Tout semble tourner autour. Il fait les
immenses portails qui protègent avec orgueil
des maisons modestes. Il a aussi, et surtout, fait
les églises en bois, fierté de ces montagnards.
Elégantes et fines, elles sont de précieux écrins
qui protègent des peintures à même les
planches d’une valeur inestimable.
Le trajet jusqu’à Suceava, à 200 kilomètres de là,
sur des routes restées d’époque, nous offrira le
spectacle du soleil se couchant sur ces vallées,
pour une nuit paisible comme l’éternité.
Notre périple dans les montagnes du nord n’en
est pas fini pour autant. Après les Maramures de
la veille, la Bucovine apparaît comme une sorte
de petite Suisse à la roumaine. Les paysages y
sont à couper le souffle.
Ce n’est peut-être pas pour rien que pays est tra-
versé par la route des monastères. On ne les
compte plus – une bonne vingtaine – mais
quand on les fréquente un dimanche, on se
rend compte qu’ils sont des lieux authentiques
d’une pratique religieuse qui impressionne par
sa ferveur et sa sincérité.
La route qui nous mène à Brasov est tout sim-
plement somptueuse. Elle traverse les Carpates
orientales et longe l’immense lac de Bicaz.
Avant d’enfiler les gorges du même nom. Une
route impressionnante quand elle trace sont
chemin sous le roc et n’est plus bordée que par
d’immenses murailles verticales qui défient le
soleil.
Nous voici à Brasov. Celle qui se fait appeler la
« capitale verte de la Roumanie », est une ville
sereine, plantée au pied de hautes montagnes
qui lui donne un air vif et un teint brillant. Son
urbanisme bien pensé et son architecture raffi-
née rappellent ses origines gothiques.
Avant de rejoindre Bucarest, nous faisons une
dernière halte à Sinaia.
Les rois de Roumanie en avaient fait leur lieu de
villégiature et y firent construire trois châteaux,
dont celui de Pélès, à quelques centaines de
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Dans les montagnes de Bucovine.
Le monastère de Sucevita.
Michel Salaün nous a rejoint pour la traversée de la Roumanie.