Le Grand Raid Arctique
Salaün Magazine
l
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C’est toujours étonnant de découvrir Saint-
Pétersbourg en hiver. Le froid lui donne une
âme et une réalité de celles qu’elle peut avoir
aux beaux
jours. Elle est toujours aussi
époustouflante, mais elle gagne en humanité.
La Cité impériale, est toujours aussi parfaite,
aussi dessinée, qu’elle l’est en été. Vous ne
pouvez y faire cent mètres sans découvrir un
palais ou un simple immeuble qui témoignent
de son histoire prestigieuse.
Saint-Pétersbourg a ceci de désespérant, c’est
qu’on a le sentiment, comme à Venise, que l’on
passera toujours à côté d’un trésor. Qu’on ne la
connaîtra jamais. Qu’il faudra toujours y revenir,
encore et encore.
Nous y avons flâné, avec Olaf, propre comme s’il
allait au bal du tsar, sans autre but qu’une
photo-souvenir sur la place du Palais impérial et
de ne pas rater le coucher de soleil sur le golfe
de Finlande pris dans les glaces. Avec, pour se
réchauffer, une visite du Palais Youssoupov, là
où Raspoutine fut assassiné. L’histoire dit que le
solide Sibérien ne succomba ni aux balles ni au
poison, mais mourut dans l’eau glacée de la
Petite Nevka.
Etape 11 - Vendredi 11 février : Saint-Pétersbourg
Saint-Pétersbourg brise la glace
Un peu moins de 400 kilomètres sépare Saint-
Pétersbourg d’Helsinki, la capitale finlandaise.
Une formalité, d’autant que la route est de
bonne qualité et que temps s’annonce beau.
Frisquet – nous enregistrerons notre record de
froid (-25°) depuis le début de notre aventure
– mais beau. Un grand soleil fait briller de tous
ses éclats la neige tombée ces derniers jours et
qui a conservé sa blancheur immaculée.
Nous arrivons assez tôt à Helsinki, assez tôt pour
découvrir la ville qui ne manque pas de charme,
avec son architecture fortement marquée par
l’empreinte russe et ses airs de Saint-
Pétersbourg qui aurait oublié de grandir. Elle
nous accueille sous un grand soleil qui fait briller
ses églises – ici Luthériens et Orthodoxes
cohabitent sans rivalités – et met de l’animation
dans les rues du centre-ville, encore tapissé
de neige.
L’entrée du port, pris dans les glaces, est
superbe, avec ses ilôts, sa forteresse à la Vauban.
Et, visible des hauteurs, la mer libre sur laquelle
nous allons voguer.
Il est d’ailleurs déjà l’heure d’embarquer sur le
Symphony. Destination Stockholm. Une nuit de
navigation tranquille sur un bateau qui
ressemble à un grand marché flottant. La « rue
» qui en constitue le cœur est une suite de
restaurants, de bars, de machines à sous, de
boutiques, de buffets plantureux avec boissons
à volonté… Finlandais et Suédois, jeunes et
moins jeunes, en font, le temps d’une traversée,
leur villégiature de week-end. La détaxe rend à
son bord la vie moins chère. C’est la fête. Et les
démarches chaloupées des passagers au milieu
de la nuit ne doivent rien au roulis du
solide bateau.
Car, c’est bien connu, ce qui se passe en mer
appartient à la mer. Et qu’une bonne gueule de
bois sera votre seule punition.
Etape 12 - Samedi 12 février : Saint-Pétersbourg / Helsinki (395 km) / Stockholm (en mer)
Saint-Pétersbourg plié pour nous,
Helsinki rayonne
La place du Sénat, le centre d’Helsinki.