Nous retrouverons la Transnistrie le lendemain.
La route la plus directe pour rejoindre Kiev la
traverse en son milieu, au niveau de Dubasari. Il
est toujours risqué de s’aventurer dans un pays
qui n’existe pas, mais ça nous fait économiser
près de 400 km.
On attendra deux heures sous un cagnard
d’enfer au poste frontière. Pour un simple
transit dans un pays dont la largeur ne dépasse
pas 25 kilomètres. Mais on imaginait pire…
Après ce court voyage hors du temps et dans un
autre monde, nous avons bien atterri en
Ukraine. Les formalités sont accomplies en
moins d’une demi-heure dans une ambiance
conviviale.
Les premiers kilomètres sont un peu difficiles,
mais ensuite la route vers Kiev n’est plus qu’une
tranquille promenade sur une route à quatre
voies en excellent état qui nous laisse le temps
de prendre la mesure de l’immensité des plaines
de l’Ukraine.
Et nous voilà à Kiev pour deux jours.
Chisinau-Kiev
Laissant la visite de Chisinau pour un autre
voyage, nous avons préféré une excursion à
Tiraspol, la capitale de la Transnistrie. Cette
république autoproclamée n’est reconnue par
aucun pays au monde. Les diplomaties l’ignorent,
les assureurs aussi : la Transnistrie est un pays qui
n’existe pas !
L’entrée de Tiraspol n’est pas de nature à rassurer.
Ici l’office du tourisme, c’est un char sous une toile
de camouflage. On est prié de planquer l’appareil
photo. A l’entrée de la ville, une forteresse
historique. Elle héberge les restes de la 14
e
armée
soviétique. Un millier d’hommes qui ont pour
mission de veiller sur un impressionnant arsenal
d’armes diverses – dont certaines nucléaires – qui
ont fait dire que la Transnistrie est «la poudrière
de l’Europe ».
On abandonne la voiture pour déambuler dans
cette ville à la fois étrange et banale, à la mode
soviétique. Avec de larges avenues bien
ordonnées, des bâtiments officiels démesurés, des
immeubles aux façades d’un autre âge, des jardins
sans charmes où l’on peut se protéger du soleil de
plomb qui écrase la capitale.
L’immense statue de Lénine, devant le parlement,
couvre la ville de son autorité fondatrice ; partout
des emblèmes de l’ancienne URSS couvrent les
panneaux ou les édifices. En cyrillique, bien sûr.
Ici, les Russophones sont majoritaires et ne font
pas de cadeau aux Moldaves.
La population elle-même semble jouer les rôles
imposés dans ce disneyland soviétique, dans ce
conservatoire d'une espèce en voie de disparition.
Les enfants qui sortent du Palais de création sont
habillés comme des figurants, chemises blanches
et jupes ou pantalons noirs.
C’est aussi la tenue, ringarde, de la vingtaine de
jeunes qui défilent sur l’avenue, drapeaux flottant
au vent. Ils sont fiers : ils viennent de rencontrer
leur président pour l’assurer de leur enthousiasme
à participer à un rassemblement de la jeunesse
communiste, en Biélorussie.
Mais derrière ces clichés, on sent les signes d’une
vie différente de celle que l’on imagine.
En remontant l’avenue du 25 octobre, nous
arrivons dans des quartiers où la vie reprend un
cours normal. Un café à la une terrasse
accueillante diffuse sur grand écran les clips les
plus branchés. Et un restaurant ukrainien offre
une bonne table. Pour écouler nos derniers billets
de la monnaie locale, il nous reste la boutique
d’état, où l’on vend un cognac réputé.
La Transnistrie
Le Grand Raid Brest Samarcande
Salaün Magazine
l
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Nous traversons le
Transnistrie sur toute
sa largeur, c’est à dire
une vingtaine de
kilomètres.
Le centre de Tiraspol.