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spécial
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afrique
Salaün
Magazine
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son sommet fait partie des rituels des locaux : en famille ou
en amoureux, ils sont nombreux, le week-end en particulier, à
rallier lamontagne, panier de pique-nique à lamain pour une
journée de détente face à la plus belle vue à 360° sur le parc
naturel national. Pour les plus sportifs, l’ascension peut se faire
à pied par plusieurs itinéraires pentus. Compter alors plusieurs
heures. Plus rapide, le téléphérique ! Le premier fut inauguré en
1929 et, aujourd’hui, c’est une nouvelle version avec une cabine
de 65 passagers, contre 25 auparavant, qui a surtout la bonne
idée de tourner lentement sur elle-même. Chacun, à unmoment,
se retrouvera ainsi face aux panoramas sur lamer ou la ville,
ou tout près de l’abrupte falaise de grès. Attention toutefois, la
file d’attente au pied s’étire souvent en longueur sous un soleil
puissant, et, au sommet, la chute de température peut être forte.
Passées ces précautions, le court voyage dans les airs s’achève
par un enchantement. La vue est exceptionnelle de tous côtés
et lesmultiples petits sentiers égayent les visiteurs, supprimant
de fait la crainte de sentiment de foule sur le site. Ici, onmange
ses provisions sur un banc là, on scrute l’horizon immense,
ailleurs, on observe des proteas, fleurs symboles de l’Afrique du
Sud, et des damans, petits rongeurs autochtones, qui partagent
l’espace avec quelques porcs-épics, mangoustes et tortues.
Deux restaurants-bars aident à se remettre de ses émotions
avant la descente. Parfois, des nuages s’accrochent au sommet
de la Table et les habitants disent alors : “la nappe est mise”.
comme
venus
hottentote
En 1994, à la demande du peuple Khoïkhoï, installé près du Cap
et rebaptisé Hottentot par les Hollandais, NelsonMandela a
réitéré à la France une vieille exigence : le retour de la dépouille
de Saartjie Baartman, surnommée la Vénus hottentote,
morte à Paris en 1815. Elle fut un phénomène de foire, dont
se servirent des scientifiques et politiques pour élaborer la
théorie des “races inférieures” que reprendra plus tard Adolf
Hitler, exhibée en Angleterre et en Hollande avant d’arriver en
France pour montrer au public un fessier proéminent, courant
chez les femmes de son peuple. On pouvait, pour un peu
d’argent, la voir et, pour un peu plus, toucher son postérieur au
grand bénéfice de son “montreur” tandis qu’elle était hébergée
dans un taudis où elle contractera une pneumoniemortelle.
L’anatomiste Georges Cuvier récupère son cadavre, en fait
unmoulage complet de plâtre, place dans du formol son
cerveau, son anus et ses parties génitales, avant d’extraire
de ses chairs chacun de ses os, un par un, pour reconstituer
son squelette. Lemoule et son squelette seront exposés au
musée de l’Homme de Paris de 1937 à 1974, avant d’être
remisés aux réserves, et ressortis pour une expo autour de
Gauguin aumusée d’Orsay en 1994, année oùMandela exprime
donc la réprobation de son pays. Il faudra le vote d’une loi
spéciale de restitution en 2002 pour que la France rende la
dépouille à l’Afrique du Sud. Le 9 août, Journée de la femme
dans le pays, elle est alors placée sur un lit d’herbes sèches et
incinérée lors d’une grande cérémonie auprès de son peuple.
V
Ci-dessus, en haut : femme hottentote.
Ci-dessus, en bas : le téléphérique pour accéder au sommet
de Mountain Table permet d’embrasser du regard toute la baie.