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spécial
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afrique
Salaün
Magazine
| Page 35
comme manchots
Lions, éléphants, rhinocéros, girafes, gazelles, zèbres,
autruches, singes… la faune d’Afrique du Sud correspond bien
aux idées que l’on se fait sur les animaux des pays chauds. Sauf
qu’au sud du sud, il est un hôte plus surprenant, lemanchot
du Cap. La plus importante des deux colonies sauvages a
pris ses quartiers sur Boulders Beach dans la jolie station
balnéaire de Simon’s Town. À 35 kmsud-est de la ville du Cap,
ces oiseaux que l’on imaginerait plutôt s’amuser à glisser sur
la banquise de l’Antarctique s’épanouissent sans se soucier
des regards amusés des curieux. Pour assurer la tranquillité
desmanchots, une passerelle de bois guide les visiteurs entre
dunes et rochers jusqu’à une plateforme en surplomb de la
plage. Les “oh” de surprise semêlent aux cliquetis des appareils
photo pour tenter de saisir des scènes de leur vie quotidienne.
Indifférentes, les petites redingotes noir et blanc se dandinent
à la Charlot, se séduisent à laMarylin, se chamaillent à la
Rocky, se défient à la nage à la Tarzan… un vrai cinéma en
plein air qui accroche de larges sourires sur les visages des
simples humains, bien plusmaladroits, voiremanchots, que
ceux qu’ils observent. Depuis le port de Simon’s Town, tout
proche, des sorties en kayak demer permettent d’aller les
observer côté océan pour un autre regard voyeur et attendri.
comme
phoques
C’est une autre sortie animalière incontournable de la région
du Cap. Hout Bay, à 15 kmde lamétropole, est un port de
pêche traditionnel devenu célèbre par sa colonie de phoques.
Par centaines, ils lézardent sur l’îlot de Duiker Island que l’on
rejoint lors d’unemini-croisière de remontée de ce fjord naturel.
Demultiples bateaux attendent les touristes au port où l’on
n’échappe pas à des autochtones ayant amadoué un de ces
phoques pour surgir de l’eau au lancer d’un poisson. Contre
quelques rands, ils acceptent une photo. Mais le réel plaisir
est de rallier l’îlot alors que se découpent sur chaque rive des
paysages typiques, ici de vignes, là de landes sauvages. Et
en premier lieu, The Sentinel, un promontoire rocheux auquel
chacun s’amuse à trouver une forme humaine ou animale.
À l’arrivée auprès de Duiker Island, le bateau se laisse dériver
autour du grand rocher. Aumilieu du champ d’algues, les
premières têtesmoustachues émergent. Les phoques sont
là sur le caillou, plus paresseux les uns que les autres, avec
pour seul souci de pousser à l’eau le voisin afin de gagner
plus d’espace de farniente. Quelques instants de nage et
le rejeté remonte par un autre bout. À unmoment du tour,
arrivera forcément un relent de chlore et autres parfums
chatouilleurs de nez issus des urines et déjections des
bestiaux alanguis. Il est temps de rentrer et, hasard d’une
animation locale, une fanfare colorée et déjantée est là pour
nous accueillir en descente sur le quai protégé de vieux
pneus. On est en Afrique du Sud, vous êtes sûrs ? Eh oui.
M
P