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dossier

spécial

|

afrique

Salaün

Magazine

| Page 31

H

Avec ses 15 000 habitants, la ville résonne encoremalgré tout

de noms français : autour de l’axe central, Huguenote Avenue,

des boutiques, arborant parfois le drapeau tricolore, ont pour

enseigne

Belle chose

,

La Rose

,

Café des arts

, et, sur les panneaux

des hameaux, on lit

LaMotte

,

L’Abri

,

Le Bri

,

Rochelle

,

Chamonix

,

Lormarin

… Aumusée encore, trônent maquettes des bateaux

transportant les Français et un hommage tout particulier à

un héros local Robert de Kersauson de Pennendreff (arrière-

grand oncle du navigateur Olivier de Kersauson). Né à Brest

en 1877, il mena au Cap la dernière attaque contre les Anglais

lors de la seconde guerre des Boers en 1902 avant de rentrer

en France et s’illustrer dans la guerre 14-18. À l’issue du conflit

39-45, il prendra la nationalité sud-africaine et viendra y cultiver

fruits et légumes jusqu’à samort en 1971 à Franschhoek.

comme

huguenots

C’est la révocation par Louis XIV de l’édit

de Nantes (qui, sous Henri IV, avait donné

égalité entre catholiques et protestants)

qui poussera à l’exil forcé les huguenots

français vers, entre autres, la Hollande.

Beaucoup sont originaires des régions

viticoles de l’Hexagone. Les Hollandais leur

proposent alors un défi : contre un pécule

et des hectares de terre offerts, aller lancer

la viticulture dans la colonie installée par

la Compagnie hollandaise des Indes à la

pointe de l’Afrique, près du cap de Bonne-

Espérance. À partir de 1688, quelque

400 familles françaises embarqueront pour

un long voyage, souvent périlleux, de trois

mois et demi, et gagneront le pari. Auprès

de Stellenbosch, à 50 kmdu Cap, une

vallée prend alors le nomde Franschhoek,

le coin des Français en néerlandais.

Aujourd’hui, 99 %de la production

de vin sud-africain sont élevés ici les

cépages et les noms de lieux ont gardé leurs sonorités de

la langue deMolière. Mais au fil des siècles, plus aucun

descendant des huguenots n’est à la tête d’un vignoble.

comme

robben

island

Du haut de TableMountain, Robben Island, île à 6 kmau large,

semblerait un confetti, petit paradis. L’île aux Phoques (

Robben

signifiant phoque en néerlandais), 3,3 kmde long pour 1,9 de

large, a durant des siècles été en fait lieu demalédiction. Tour

à tour léproserie, station de quarantaine, fort militaire, prison

militaire, puis de droit commun, hôpital psychiatrique et, enfin,

centre pénitentiaire de haute sécurité pour condamnés à de

longues peines, de dix ans à perpétuité, jusqu’en 1997, où

l’île devint musée national. Le site aurait pu rester anonyme

sans son plus célèbre prisonnier, NelsonMandela. Le leader

de l’ANC et futur Président de la République y passa 18 de

ses 27 années d’emprisonnement, à casser au rythme des

jours de la chaux dans une carrière ou des cailloux dans la

cour du pénitencier, ou à ramasser du guano sur les rochers.

Il y forgea son caractère et sa conviction d’une réconciliation

indispensable entre Noirs et Blancs au delà des crimes

engendrés par l’apartheid. Sous lematricule 46664, Madiba, son

nom tribal adopté par tous les Sud-Africains pour parler de lui,

s’échappe de cet enfer de travaux forcés prévu pour briser les

personnalités en récitant le poème deWilliamErnest Henley,

“Invictus”, invaincu en latin, dont Clint Eastwood fera le titre

de son filmconsacré àMandela. Aujourd’hui, au terme d’une

courte croisière, Robben Island est un incontournable d’un

séjour au Cap, et ce n’est pas sans émotion que desmilliers de

personnes visitent la vraiment minuscule cellule deMadiba.

comme

knysna

Les footballeurs français connaîtront la honte de leur histoire

en Afrique du Sud lors de la Coupe dumonde 2010. Qualifiée

grâce à un but de lamain de Thierry Henry qui élimine

ainsi injustement l’Irlande, l’équipe affiche une attitude

hautaine face aux adversaires, supporters et journalistes.

Après de piètres prestations dans la première partie de la

compétition, devant les caméras, ils refusent de descendre

de leur bus pour un entraînement à Knysna, à l’est du Cap.

Une action pour défendre leur camarade Nicolas Anelka,

que la Fédération française vient de décider d’exclure du

groupe suite à des insultes envers le sélectionneur Raymond

Domenech. À l’issue du dernier match perdu 2-1, synonyme

d’élimination, ce dernier rejette lamain tendue de l’entraîneur

des vainqueurs… l’Afrique du Sud. Une attitude ressentie

comme une insulte par tous les habitants du pays hôte.

I

Les visiteurs traversent l’entrée de Robben Island, l’infamie de la prison de

l’île qui a tenu Nelson Mandela pour 18 de ses 27 ans de son incarcération

pendant le régime de l’apartheid. La prison est maintenant un musée.

K