Salaün
Magazine
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cuba
cienfuegos
Le réveil sur les hauteurs de Trinidad n’aura pas été trop dur.
La journée s’annonce ensoleillée avec, en ce matin de jan-
vier, déjà 20 ° C au thermomètre. Notre nouveau compagnon
de voyage s’appelle Angel et il n’est pas peu fier de nous
attendre au volant de sa Cadillac 60 Special de 1951. Une
voiture qui porte le nom du français Antoine de Lamothe-
Cadillac, fondateur de la ville de Détroit aux USA en 1702,
s’amuse-t-on à lui apprendre. Et de Français, on en enten-
dra parler beaucoup vers notre terminus, Cienfuegos. Mais
d’abord un détour par Playa Ancon, à 12 km au sud de Tri-
nidad. Considérée comme la plus belle plage de Cuba sur la
mer des Caraïbes, Ancon étend son sable dorée et sa marina
sur une presqu’île, paradis des plongeurs, digne d’une carte
postale. Rien à voir avec ce qui nous attend ensuite, direction
ouest, dans la traversée du parc naturel de Topes de Collantes,
royaume des randonneurs. Nous n’en aurons pas le temps,
mais, de l’avis de porteurs de grosses chaussures de marche,
l’ascension des collines en vieux camion 4x4 russe serait en
elle-même déjà une aventure.
L’accueil à Cienfuegos, comme dans la plupart des villes, se
fait par un grand panneau de slogans en l’honneur de la révo-
lution. Celui-ci est signé de Fidel en personne : « Los Cienfue-
gueros son firmes, no hay dudas » (« Les habitants de Cienfue-
gos sont inébranlables, cela ne fait pas de doute »). Le leader
Máximo aura oublié dans son hommage la cité elle-même. Ce
n’est pas pour rien que le surnom de « Perle du Sud » lui a été
attribué il y a bien longtemps, ainsi que l’autre sobriquet de
« ville des Français ». Louis de Clouet de Piettre, né en 1766 à
La Nouvelle-Orléans, alors Louisiane française, était colonel
dans l’armée espagnole quand il obtint le droit d’ériger une
ville sur la plus belle baie cubaine des Caraïbes. Chose faite
en 1819 sous le nom de Colonia Fernandina de Jagua, par
respect aux Indiens Jagua vivant là, que Christophe Colomb
avait découvert le premier lors de son deuxième voyage vers
En haut : construite à angles droits à l’américaine par des Français,
Cienfuegos offre un mariage architectural des modes qui se sont succédé
dès le
xviii
e
siècle.
En bas, à gauche : les slogans motivant et saluant la révolution castriste
sont omniprésents aux entrées des villes, comme à Cienfuegos, où Fidel
résida le temps d’une nuit en août 1960.
En bas, à droite : depuis le centre de la place qui porte son nom, la statue
de José Marti, le héros de l’indépendance cubaine, veille sur les habitants
de Cienfuegos et les touristes, chaque jour plus nombreux.