Salaün
Magazine
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reportages
d
’
ici
et
d
’
ailleurs
|
cuba
propriétaires terriens. Il n’en reste aujourd’hui plus rien ou
presque, sauf dans la mémoire collective où, de génération
en génération, on s’est transmis le dur quotidien des paysans
et des esclaves d’alors. Comme un symbole de la toute puis-
sance passée de la classe nantie, la tour Manaca Iznaga se
dresse toujours sur une colline de ses 45 mètres de haut. Du
sommet de ce véritable mirador de la vallée, atteint après un
escalier apparent au long des degrés, des guetteurs donnaient
le rythme des journées de travail des coupeurs de cannes,
surveillaient l’assiduité pour punir ensuite la nonchalance
supposée, et surtout donnaient l’alerte en cas d’évasion
d’esclave, méthodiquement réprimée. La petite gare au pied
de la colline n’est plus que l’ombre d’elle-même, elle qui vit
passer tant de wagons chargés à ras bord de cannes. Un seul
employé s’y active pour à la fois gérer le passage à niveau,
entretenir les voies, accueillir les rares voyageurs et faire la
causette aux quelques ados du village, pour lesquels regarder
passer les groupes de touristes constitue un loisir toujours
changeant. Aux côtés de la tour, l’ancienne vaste maison de
À Trinidad, comme dans
les principales villes cubaines,
aux coins des rues, sur les
places, dans les restaurants
ou hôtels, des groupes de
musiciens, souvent très
talentueux, se font entendre
pour glaner quelques pesos et
faire danser les passants.