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Salaün

Magazine

| Page 54

reportages

d

ici

et

d

ailleurs

|

cuba

propriétaires terriens. Il n’en reste aujourd’hui plus rien ou

presque, sauf dans la mémoire collective où, de génération

en génération, on s’est transmis le dur quotidien des paysans

et des esclaves d’alors. Comme un symbole de la toute puis-

sance passée de la classe nantie, la tour Manaca Iznaga se

dresse toujours sur une colline de ses 45 mètres de haut. Du

sommet de ce véritable mirador de la vallée, atteint après un

escalier apparent au long des degrés, des guetteurs donnaient

le rythme des journées de travail des coupeurs de cannes,

surveillaient l’assiduité pour punir ensuite la nonchalance

supposée, et surtout donnaient l’alerte en cas d’évasion

d’esclave, méthodiquement réprimée. La petite gare au pied

de la colline n’est plus que l’ombre d’elle-même, elle qui vit

passer tant de wagons chargés à ras bord de cannes. Un seul

employé s’y active pour à la fois gérer le passage à niveau,

entretenir les voies, accueillir les rares voyageurs et faire la

causette aux quelques ados du village, pour lesquels regarder

passer les groupes de touristes constitue un loisir toujours

changeant. Aux côtés de la tour, l’ancienne vaste maison de

À Trinidad, comme dans

les principales villes cubaines,

aux coins des rues, sur les

places, dans les restaurants

ou hôtels, des groupes de

musiciens, souvent très

talentueux, se font entendre

pour glaner quelques pesos et

faire danser les passants.