Salaün
Magazine
| Page 44
un
tour
en
ville
|
buenos
aires
Sur un petit square herbeux ont été plantées quelques dizaines
de croix blanches, et quelques banderoles, qui tentent demainte-
nir vivace le souvenir d’un demi-millier de soldats victimes d’une
tourmente qui les dépassait et qui a laissé des familles désem-
parées. Par son caractère un peu dérisoire, cette construction
témoigne demanière émouvante de l’absurdité d’une guerre déjà
oubliée et des dommages irréparables qu’elle aura provoqués à
jamais.
Mais ce passage dans le centre deBuenosAires est aussi lepoint
de départ de la découverte d’une des plus belles villes du conti-
nent sud-américain, et peut-être–pourquoi ne pas le dire–d’une
des plus belles villes du monde. En tout cas de ces quelques
grande villes qui ont une âme, une forme d’âme universelle.
À Buenos Aires, on se sent profondément Argentin, au cœur d’un
nouveau continent. Mais, dans le même temps, il suffit de lever
les yeux vers l’occident à la tombée du jour, de se tourner vers la
zone portuaire ou de laisser fuir son regard sur l’une des grandes
avenues des beaux quartiers de la ville pour sentir, là, tout près, à
portée de nostalgie, la vieille Europe…Celle des immigrés–Espa-
gnols ou Italiens – qui ont contribué à forger cette fière culture,
et cette ville impressionnante, à la fois mélancolique et enjouée,
insouciante et pourtant toujours endeuillée de quelques drames
décidément impossibles à oublier.
Caminito, la Boca, délicieusement canaille sous la bénédiction papale.