Salaün
Magazine
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un
tour
en
ville
|
buenos
aires
Un peu comme cettemusique du tango qui se joue avec douleur
et se danse comme si elle vous refusait une jouissance pour tou-
jours inaccessible.
Car Buenos Aires est, avec La Nouvelle-Orléans pour le jazz, l’une
des seules villes aumonde dont le nomest indissociablement lié
à une musique : le tango, et à tout ce que cette musique signifie
dans l’art de vivre des « Portenos », les habitants historiques de
Buenos Aires.
Pour s’en imprégner, pour en approcher le côté délicieusement
canaille, flirter avec les limites de la vertu sans sacrifier aux ten-
tations du vice, il faut bien sûr filer au plus vite vers le quartier de
La Boca.
Unquartier coloré commeune kermesse flamande, pétant de vie,
qui, dès la tombée de la nuit, redevient le coupe-gorge qu’il était
du temps des sombres quais du port de commerce.
Mais qui au lever du jour, peut alors offrir un joyeux et foutraque
décor dont se régalent les touristes et aumilieuduquel semble se
délecter le nouveau héros des Argentins, le pape François, qui fut
un archevêque de Buenos Aires vénéré entre tous pour avoir été
le plus proche des plus pauvres.
Aujourd’hui, dans le plus humble des bistrots, au-dessus du
comptoir le plus minable, du patron le moins aimable, vous avez
le pape François qui bénit les clients, le regard plein de bonté et
d’indulgence.
Il est secondé, dans ce sympathique apostolat, par l’autre héros
de Buenos Aires, Diego Maradona. Diego, le bras levé et la main
ouverte, cette « main de Dieu » qui, en 1986, permit à l’Argentine
de se venger de la défaite desMalouines, en Coupe dumonde.
Dans le quartier de « La Boca », le pape François semble non
seulement pardonner le geste contesté de son fidèle parmi les
fidèles, mais donner sa bénédiction papale à cette sacralisation
du but historique que le petit diable de La Boca avait, avec un
désarmant culot, attribué à Dieu lui-même.
On peut toujours discuter. Ronan et moi, nous avons préféré
considérer que leurs deux gestes harmonieux étaient, comme ils
l’eussent été considérés en Finistère, une invitation à remettre la
même chose.
Ce que nous fîmes, bien sûr, par courtoisie et simple convenance,
et avec une modération dont nous laissons Diego Maradona
seul juge.
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Dans les effluves de tigre et de caramel au café La Biela,
Jorge Luis Borges et Adolfo Bioy Casares (barrio de Recoleta).