Salaün Magazine n°9

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reportages d’ici et d ’ailleurs | malte
des décors pour caméras
Malte ne manque pas d’escapades hors sa capitale. Vil-
lages de pêcheurs, plages de sable et criques rocheuses, fa-
laises abruptes, grottes mystiques, églises, vignobles, mais
le détour via Mdina et Rabat ne peut se manquer. Les deux
villes accolées n’en faisaient qu’une avant une séparation
administrative par les Arabes lors de leur courte occupation.
Surnommée “la Cité silencieuse”, Mdina, ancienne capitale
médiévale, est le plus petit village de Malte avec seulement
300 habitants repliés derrière de majestueux remparts qui
longtemps avant l’arrivée, déchirent l’horizon. Après avoir
franchi le pont et admiré les douves transformées en jardins,
on n’y circule qu’à pied ou en calèche pour se perdre dans
ses ruelles labyrinthiques et admirer les jolies demeures de
l’aristocratie d’autrefois. Le contexte, certes plus urbain et
automobile, de Rabat, 11000 âmes, invite lui aussi à la ba-
lade. Dans les catacombes, la grotte où se serait réfugié saint
Paul après son naufrage sur Malte est l’objet d’une vénération
locale intense.
Aujourd’hui, Malte explose en destination touristique et
médiatique. Ses paysages uniques font la joie de réalisateurs
et fans de série tv comme “Game of Thrones”, à Mdina ou
Gozo entre autres. Ici ont été tournés, entre autres, “Midnight
express”, “Troie” avec Brad Pitt, les succès français “Casque
bleu”, “Largo Winch” ou “Astérix mission Cléopâtre”. Sans
oublier, “Popeye” de Robert Altman avec Robin Williams
dans le rôle-titre qui fut réalisé en 1980 près de Mellieha.
Les 19 maisons et le décor construits pour l’occasion ont
été conservés et l’ensemble est devenu un parc d’attrac-
tions convivial loin des mastodontes de Disney. À Malte, ça
se passe comme ça : en discrétion mais, si possible, mieux
qu’ailleurs !
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dans nos catalogues ou
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LE CARAVAGE, L’EXILÉ
DU CLAIR-OBSCUR
Artiste adulé de son époque
(1571-1610), Michelangelo Merisi
di Caravaggio, en français
Caravage ou le Caravage, a
connu une longue période
d’oubli avant un retour en
grâce à partir de la fin du
xix esiècle. Il est aujourd’hui
considéré comme un des
peintres majeurs de l’huma-
nité. Et c’est à Malte que l’Italien
connut une des périodes les
plus abouties de son œuvre. Il
y débarque en 1607 pour fuir la
justice de son pays, après avoir
tué en duel le fils d’une puis-
sante famille romaine, et cher-
cher une réhabilitation auprès
de l’Ordre des chevaliers de
Saint-Jean de Jérusalem. Un
ordre qu’il intègre pour tenter
d’obtenir la grâce du pape Paul
V. Le Caravage est loin d’être
un enfant de cœur. Punk avant
l’heure, il est un habitué des
tavernes et du monde inter-
lope de l’époque, où la bagarre,
à mains nues ou à l’épée ne
lui fait pas peur. Il décédera
d’ailleurs à seulement 38 ans
dans des conditions obs-
cures sur le chemin du retour
à Rome, ayant enfin obtenu
le pardon du pape. À Malte, il
adopte d’abord une conduite
sage sous l’égide de l’Ordre,
avec la haute protection des
dignitaires de l’Église et des
riches aristocrates. Le Cara-
vage est alors une vraie star
de la peinture et on le courtise
pour avoir son portrait sur une
de ses toiles. Soucieux de ses
intérêts, le peintre sait flatter
quand il le faut mais refuse de
se censurer dans sa recherche
permanente du “clair-obscur”
dont il reste le maître mondial.
Très sombres, ses œuvres dis-
pensent une lumière vive sur
les seuls éléments que l’artiste
choisit de mettre en évidence.
En la cocathédrale Saint-
Jean de La Valette, l’immense
“Décollation de Saint-Jean
Baptiste”, tableau d’autel de
3m61 sur 5m20 réalisé in situ,
force l’admiration même des
plus mécréants. En face, un
plus modeste “saint-Jérôme
écrivant” confirme la maî-
trise du Caravage, qui restera
aussi dans l’histoire pour avoir
décoré la chapelle Contarelli
de l’église Saint-Louis-des
-Français de Rome. Incapable
de résister à ses pulsions, c’est
un nouveau duel meurtrier
d’un soir d’orgie qui l’oblige à
quitter Malte pour rencontrer
la mort.