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malte

LA CROIX À HUIT BRANCHES

DES CHEVALIERS

Le nom de Malte est indissociable de

l’ordre chevalier qui y régna et pros-

péra de 1530 à 1798. L’histoire de ces

moines‑soldats institués pour proté-

ger les chrétiens lors des croisades

vers les lieux saints de Palestine méri-

terait à elle seule plusieurs ouvrages.

De son appellation complète, Ordre

de Saint-Jean-de-Jérusalem, l’orga-

nisation vînt s’installer à Malte par

décision de Charles Quint après avoir

été expulsée de Rhodes par l’armée

de Soliman le Magnifique. Les Otto-

mans étaient alors la terreur de la

chrétienté et Malte semblait un ver-

rou idéal pour bloquer leur expan-

sion vers les royaumes catholiques

de l’occident. Ce sera le rôle dévolu

aux Chevaliers, avec succès en résis-

tant victorieusement au siège mené

par Mustapha Pacha en 1565, à 800

chevaliers et 1 450 soldats contre les

30000 hommes et 160 galères des

Ottomans. L’Ordre est alors dirigé par

le 49e grand maître, le français Jean

Parisot de La Valette, qui entreprend

la construction d’une ville fortifiée,

aujourd’hui capitale du pays qui porte

son nom, La Valette. Actifs dans la

bataille navale de Lépante (1 571) et la

destruction de la flotte turque, les che-

valiers de Malte acquièrent une répu-

tation internationale qui vaasseoir leur

pouvoir. Alors que leurs homologues

français, les Templiers, ont été torturés

et dissous, l’ordre de Saint-Jean, qui a

hérité de leurs biens en partie, va atti-

rer les fils de la meilleure aristocratie

d’Europe. Ils doivent faire don de leurs

biens pour être intronisés avant de

faire des “affaires” dans le commerce

et la piraterie maritimes. Le pouvoir de

l’organisation dispose d’une structure

originale par les 7 langues parlées des

membres, langues de Provence, d’Ita-

lie, d’Espagne, de France, d’Allemagne,

d’Auvergne et d’Angleterre. Chacune a

ses lieux de culte et ses entreprises ;

et tous se retrouvent autour de la

cocathédrale Saint-Jean, où une aile

est dédiée à chaque parler. Rois de

la Méditerranée, les Chevaliers, ratta-

chés directement au pape, exploitent

l’île, s’enrichissent et s’attirent l’inimi-

tié des habitants. Et c’est Napoléon

Bonaparte, alors simple général de la

Révolution en route vers l’Égypte, qui

expulsera l’Ordre en 1 798. La France

n’occupera Malte que deux ans avant

d’en être chassée à son tour par les

Anglais et la population locale, mais

plus jamais l’Ordre de Malte ne pourra

reprendre le pouvoir sous sa ban-

nière à croix à 8 branches identiques.

Au total, 71 grands maîtres se seront

succédé à sa tête avec une majorité

de Français, dont le Breton Emmanuel

de Rohan-Polduc de 1775 à 1797, le der-

nier des heures de gloire et richesse.

Aujourd’hui, une dizaine de confréries

se partagent l’appellation, certaines

confinées dans des missions honori-

fiques, d’autres dans le secourisme ou

l’humanitaire.