des décennies, c’est ici que se trouvaient
la plupart des pensions bon marché de la
ville. Pahar Ganj évoque l’Inde du temps
des hippies et des premiers routards. On
y croise toujours quelques fous de l’Inde
mais aussi des touristes fraîchement débar-
qués, guettés par les vendeurs de tissus
et de fripes en tout genre, ou encore de
sandales avec lesquelles « on n’atteindra
même pas le bout de la rue », m’a assuré
Ram, un chauffeur indien, dans un éclat
de rire. Le quartier mérite cependant le
détour, pour y déjeuner dans une des
nombreuses gargotes, goûter aux fruits
frais, croquer une étonnante châtaigne
d’eau et se familiariser avec l’Inde et la
présence de guides et vendeurs, emboîtant
sans cesse le pas des occidentaux. On
dit qu’un Européen qui arrive en Inde
acquiert de la patience s’il n’en a pas et
la perd rapidement s’il en a…
Lorsqu’on chemine pour la première fois
au milieu d’une foule indienne, il est
bien difficile de prendre la mesure de la
diversité sociale, ethnique ou religieuse
qui nous entoure. Si un Indien peut repé-
rer au premier coup d’œil un Bengalais,
une jeune femme membre de la caste des
guerrières ou des paysans, un musulman,
un fonctionnaire ou un intouchable, le
novice perçoit surtout une foule bigar-
rée et relève que les femmes portent des
costumes traditionnels colorés qui varient
selon les saisons, la confession et la région.
Notre chauffeur a beau y mettre du sien,
je ne parviendrai pas comme il le suggère
à repérer un musulman d’un hindou à
travers l’expression de son visage, telle
ou telle couleur de sari, ni à le
différencier du Lehenga Choli,
un autre vêtement traditionnel…
Je me résoudrai plutôt à suivre le
conseil entendu dans un film an-
glais sur l’Inde pendant le vol vers
New-Delhi. « L’Inde est comme
une vague, elle finit toujours par
vous submerger, mieux vaut se
laisser porter qu’aller contre car
c’est toujours en vain… ».
Sur la route des empereurs
moghols, de Delhi au
Rajahstan, un arrêt
s’impose à Agra, une
capitale touristique
et universitaire qui
est aussi le royaume
du cuir, fief des
chaussures Bata. C’est également dans
cette ville que se trouve l’un des premiers
et plus fascinants témoins du faste des
empereurs indiens : le fort de grès rouge
d’Agra, une forteresse construite en 1565
par l’empereur Akbar, troisième empereur
de la dynastie moghole. Il renferme la
ville impériale des souverains moghols,
symbole de leur puissance et un grand
nombre de palais féeriques ainsi que
des salles de réception. Plusieurs de ces
édifices sont construits en marbre, avec
de magnifiques décors gravés. Le Zénana
ou harem hébergeait environ trois cents
concubines et des eunuques. Ils marquent
l’apogée d’un art indo-musulman forte-
ment imprégné d’influences perses. C’est
dans une pièce de ce palais que l’empe-
reur Shah Jahan fut emprisonné jusqu’à
sa mort par son fils Aurangzeb. De la
pièce où il était confiné, il pouvait voir,
à l’horizon, le Taj Mahal, le somptueux
tombeau qu’il avait fait construire pour
son épouse favorite, Mumtaz Mahal, entre
1631 et 1648.
Pour visiter le Taj Mahal, il faut franchir la
rivière Yamuna. Le plus grand monument
indien se dresse au cœur d’un immense
Vendeur de
chataîgnes d’eau
à New-Delhi.
En bas, un ricks-
haw mortorisé, un
des symboles de
l’Inde.
«L’Inde est
une anarchie
qui fonctionne »