musiques de l’ouest de l’Afrique, puis des Caraïbes y ont peu
à peu fusionné pour faire éclore les formes musicales à l’ori-
gine du jazz. C’est notamment ici que les esclaves africains
ont commencé à rendre hommage aux Amérindiens de Loui-
siane, qui les ont intégrés lorsqu’ils fuyaient vers les bayous
au
xviii
e
siècle, en puisant dans leurs danses et musiques.
Cette fusion survit aujourd’hui dans les fascinants chants et
défilés “indiens” de Mardi gras. La tradition des
second-lines
,
ces défilés festifs à l’origine associés aux enterrements, aux
mariages et à Mardi gras, trouve aussi ses origines à Congo
Square. Cette place se trouve dans le parc Louis-Armstrong,
qui était lui-même un enfant de La Nouvelle-Orléans. Au
même titre que bien d’autres musiciens, comme Red Allen,
Sydney Bechet, Louis Prima ou encore Fats Domino, qui y vit
toujours. Aujourd’hui encore, le quartier de Tremé héberge
une scène musicale extrêmement dynamique mais compéti-
tive, car les talents ne manquent pas.
Pour prendre un peu d’air, le célèbre lac Pontchartrain, qui
est en réalité un immense estuaire, au nord de la ville, permet
de pratiquer des loisirs nautiques. Autre balade fluviale à ne
pas manquer, la traversée du Mississippi en bac, à partir du
centre-ville. On accoste dans le quartier à Algiers point, le
deuxième plus vieux quartier de la ville après le Vieux Carré.
On y jouit d’une vue imprenable sur le centre-ville. Petit vil-
lage fleuri abritant des habitants qui se connaissent pour la
plupart, Algiers Point est une oasis de tranquillité. Sous leurs
porches, ses habitants bouquinent dans leur rocking-chair.
Le soleil éclaire les façades en bois de couleurs vives. Un ha-
bitant du quartier m’interpelle pour me proposer de boire une
bière sur sa terrasse, en grignotant des cacahuètes dans la
saumure. Le plus simplement dumonde, à l’image de ce quar-
tier attachant qui a gardé son âme. L’écrivain canadien d’ori-
gine bretonne Jack Kerouac y a séjourné et y fait référence
dans son best-seller
Sur la route
. Des joggers courent le long
du Mississippi, tandis que des clients dégustent un Po’boy
à la terrasse d’un pub coquet. Portées par l’air du fleuve, les
mélodies jouées par l’orgue à vapeur du
Natchez
, un bateau
à aube qui descend tranquillement le Mississippi, caressent
nos oreilles. Comme une invitation à remonter le fil de cet
immense cours d’eau sur la trace des premiers colons et du
pays cajun.
le temps des plantations
Une fois quitté La Nouvelle-Orléans, le Mississippi et la River
Road me serviront de guide. Cet itinéraire est un des plus
intéressants du pays. La centaine de kilomètres qui relit La
Nouvelle-Orléans à Baton Rouge suit en effet les méandres
prononcés du fleuve mais aussi de l’histoire de la Louisiane.
Lorsqu’on gagne les berges du Mississippi, le choc est inévi-
table. De part et d’autre de la rivière boueuse, des champs de
canne à sucre et des dizaines de raffineries de pétrole gigan-
tesques jouxtent des villages à l’allure un peu anarchique,
Le Jazz est le visage musical du peuple de la Louisiane : pluriel,
métissé, nourri d’apport d’Afrique de l’Ouest, des Caraïbes,
des Amérindiens ou encore de la culture afro-américaine.