Salaün
Magazine
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ailleurs
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bali
A
comme animaux
À Bali, il y aurait toujours un autochtone malicieux pour
vous glisser à l’oreille que quelque tigre vivrait toujours
quelque part dans l’intérieur de l’île, mais que personne ne l’a
vu depuis longtemps. Inutile donc de veiller la nuit en l’atten-
dant. Par contre, les macaques seront des habitués de toute
balade. Absents des villes, ils se rencontrent surtout autour
de temples et, bien entendu, dans la bien nommée
« Monkey
Forest »
, en lisière de Ubud. Davantage parc que forêt, le lieu
est une promenade bucolique et ludique pour rejoindre au
plus court la ville. Innombrables, les singes, et leurs petits
si craquants, y sont joueurs et chapardeurs à l’occasion de
lunettes, sacs ou tout objet laissé à leur portée. Ils rendent
tout en échange d’une banane ou un gâteau acheté aux petits
vendeurs locaux, présents là à bon escient. Mais la faune
balinaise compte aussi deux espèces endémiques qui passent
moins aperçues.
Les scientifiques sont formels : le premier chien domestiqué
par l’homme, au plus loin que l’on remonte dans l’histoire,
fut le Bali Dog. De taille moyenne, de plusieurs couleurs,
l’animal n’est ni gardien ni chasseur, juste un compagnon de
nombre de familles balinaises. Il est pourtant en danger de
disparition suite à des épidémies de rage et à un plan d’éra-
dication lancé par le pouvoir indonésien. La BAWA, Bali
Animal Welfare Association, entend le sauver par une ges-
tion du nombre de spécimens avec l’appui des habitants des
petits villages. Elle profite du soutien d’unmécène américain,
Janice Girardi, qui finance les opérations de stérilisation par
des vétérinaires, et l’appui médiatique de défenseurs du tou-
risme durable, comme Varatrip. Ce tour-opérateur s’est aussi
engagé pour l’autre animal endémique de l’île, le Bali Star-
ling. Aussi appelé étourneau de Rothschild, il est aujourd’hui
plus présent dans des parcs animaliers à travers la planète,
comme le Jardin des Plantes de Paris ou le zoo de La Palmyre
en Charente-Maritime, que dans son milieu sauvage de Bali,
seul endroit où il vive en liberté. Tout blanc à l’exception
de la pointe de queue noire et d’un joli bandeau bleu sur les
yeux, il est l’objet de toutes les attentions de Friends of the
Natural Parks Fondation, qui a mobilisé la population de la
petite île de Penida pour le protéger. En 2009, seuls 120 spé-
cimens sauvages avaient été répertoriés sur Bali. Il en reste-
rait aujourd’hui au maximum la moitié. Victime de sa grande
beauté, de l’explosion du commerce des oiseaux exotiques
et du changement climatique, le Starling, peu farouche et
facile à attraper, est traqué par des chasseurs d’occasion, car
la capture d’un exemplaire sauvage est payée plus de 1000
€
par des collectionneurs, de quoi faire vivre toute une famille
durant un an. À Penida, l’association a réussi à sensibiliser
les habitants à l’intérêt de le protéger dans son milieu pour
l’avenir de l’îlot.
Enfin, ici, l’éléphant trompe énormément : il n’y en a jamais
eu à Bali dans la nature, et les spécimens présents ont été
importés pour promener des touristes peu soucieux de véra-
cité exotique ni de bien, être animal.
En haut: dans la
Monkey Forrest
près de Ubud, les singes macaques
s’ébattent en liberté et attendent bananes et friandises des visiteurs.
En bas: les volontaires de BAWA, Bali Animal Welfare Association,
se mobilisent dans les campagnes pour sauver le Bali Dog, une espèce
de chien endémique très ancienne.