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italie
Salaün
Magazine
| Page 97
vendredi
Nous faisons nos adieux à notre hôtel pour un ultime pe-
tit tour dans Rome l'antique. Nous avons aujourd'hui ren-
dez-vous avec César, ses prédécesseurs et successeurs du
temps de la République et de l'Empire romain. En surplomb
des ruines du Forum, la statue du grand Jules est assaillie de
fans pour l'indispensable photo. Mais c'est du haut du Capi-
tole que l'on mesure la volonté de montrer la puissance des
anciensmaîtres dumonde connu. Chevaux avec leurs chars et
conducteurs ailés, dieux musculeux, bellâtres nus de marbre,
larges escaliers de triomphe… le pouvoir s'affiche plus grand
que nature. Avec tout de même, dans une venelle adjacente,
une presque modeste louve allaitant, selon la légende, Remus
et Romulus, les frères fondateurs de l'histoire. Dommage qu'il
n'y ait plus les oies qui sauvèrent Rome des copains d'As-
térix. Pour les lions et tigres, c'est un peu plus loin du côté
du Colisée. Il ne reste que quelques traces de leur passage
pour boulotter des gladiateurs et chrétiens, mais le plus grand
amphithéâtre jamais construit par les Romains a gardé toute
sa majesté, et une fréquentation bouillonnante comme à ses
heures de gloire, où son cirque pouvait en quelques jours
devenir piste de chars, lieu de concert ou lac artificiel pour
vraies batailles navales. Une prouesse technique qui laisse
pantois alors que n'existaient pas alors nos engins de chan-
tier. Les charmantes ruelles étroites qui ramènent à pied vers
notre car nous laissent le temps de méditer, mais pas trop. Il
y a tant à voir encore dans le pays. Direction Naples avec une
étape à Tivoli. Et quelle étape! La Villa d'Este, chef-d'œuvre
de l'architecture italienne et des jardins, n'est qu'élégance
et harmonie. Une simple porte sobre au coin d'une place y
donne accès, souvenir de son passé de couvent. Puis, après
une courette, s'ouvre un palais des merveilles inimaginable
depuis la rue. Débutée en 1550, la transformation du couvent
en résidence par le cardinal Hippolyte d'Este, qui espéra par
sa magnificence affichée être élu pape, sans succès, a deman-
dé plus de vingt ans. De la terrasse, un panorama exception-
nel embrasse la campagne du Latium. On descend les esca-
liers et voici le royaume de fontaines, bassins, cascades, jeux
et jets d'eau, parterres fleuris, cyprès fiers. Tout se mêle dans
un ordonnancement invisible qui mobilisa les meilleurs hy-
drauliciens de l'époque. Ces jardins ont servi de modèle dans
le monde entier, et chacun rêvera dans le car du petit bout
qu'il pourrait en recopier, modestement, chez lui au retour.
samedi
Voir Naples et mourir, dit-on. Un vote rapide s'organise dans
le car et, à l'unanimité, la seule première partie de l'expres-
sion est adoptée. Ouf ! Louis, le chauffeur, grand connaisseur
de l'Italie après des années de conduite, propose alors de boy-
cotter l'entrée directe dans la ville pour adopter une descente
circulaire. Au gré des virages, le Vésuve et l'île de Capri, dont
les silhouettes nous étaient visibles par intermittence depuis
quelques kilomètres, explosent à nos regards. La bellissima
baie de Naples est à nous. Arrêt photo obligatoire. La suite de
la descente confirme le plaisir esthétique. L'excitation règne
dans le car en passant devant l'inachevé Palazzo Donn'An-
na, le Castel dell'Ovo ou les bouts de rochers aménagés en
Ci-contre, à gauche : les magnifiques jardins, bassins et fontaines de
la Villa d’Este à Tivoli laissent pantois les admirateurs de nature et de gestion
de la nature par l’homme.
Ci-contre, à droite : surplombant les ruines du Forum de Rome, la statue
de Jules César tout en majesté est une des photos incontournables des touristes.