Salaün
Magazine
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culture
sans
frontière
|
salvador
dal
í
Q
Artiste excentrique et génial, Savaldor
Dalí a marqué l’histoire de l’art au
xx
e
siècle, particulièrement dans sa
Catalogne natale, où plusieurs lieux
permettent de s’immerger dans l’univers
surréaliste du célèbre moustachu.
ERWAN CHARTIER-LE FLOCH
u’on l’aime ou que l’on demeure quelque peu perplexe, l’art de Dalí
ne laisse jamais indifférent. Il y a quelque chose de stupéfiant
à considérer qu’un cerveau humain ait pu concevoir une œuvre
aussi foisonnante et inclassable, alimentée aussi bien par les
grands classiques de l’art européen que par tous les grands cou-
rants artistiques etmétaphysiquesmodernes que Dalí a côtoyés
durant sa longue carrière.
génie du surréalisme
Car s’il faut reconnaître un génie àDalí, c’est bien d’avoir participé
et digéré la plupart des avant-gardes de l’art du xx
e
siècle, tout
en conservant sa patte personnelle. Il est né en 1904, dans une
famille de notables de Figueras, au nord d’une Catalogne qui est
alors le terreau de plusieurs des plus grands artistes de l’époque,
comme Picasso et MirÓ. Dalí est d’abord influencé par l’impres-
sionnisme, puis part se former à Madrid, où il devient l’ami du
poète Federico García Lorca, assassiné plus tard par les fran-
quistes, et de Luis Buñuel, avec lequel il réalisera le film surréa-
liste
Un Chien andalou
. Sur les conseils de MirÓ, il rejoint ensuite
Paris en 1929, où il intègre le groupe des surréalistes d’André
Breton et Yves Tanguy, à Montparnasse. Le jeune Dalí y théorise
sa «méthode paranoïaque-critique » et rencontre la muse qui va
l’inspirer pour le reste de son œuvre : Gala, alors mariée à Paul
Éluard. Dalí se fâche cependant assez vite avec les surréalistes,
qui lui reprochent ses provocations, notamment une certaine
obsession pour l’esthétique d’Hitler et des nazis.
Au milieu des années trente, Dalí et Gala voyagent beaucoup
entre l’Amérique et l’Europe. Le Catalan se forge l’image d’un ar-
tiste fantasque, têtede filedusurréalisme enmatièredepeinture.
Il publie en 1939 une « Déclaration d’indépendance de l’imagina-
tion et des droits de l’homme à sa propre folie », tout en se tenant
sagement à l’écart des grands bouleversements de son époque,
évitant l’Espagne durant la guerre civile et immigrant aux États-
Unis en 1939. S’ouvre alors l’une des périodes les plus prolifiques
de sa vie, tant au niveau artistique que financier, Dalí devenant
l’un des premiers artistes à comprendre l’intérêt de la publicité et
de la communication, domaine où son extravagance fait fureur…
Le peintre devient une star et fait fortune outre-Atlantique.