Salaün
Magazine
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à
découvrir
|
londres
P
our se convaincre que Londres nous conte aussi une histoire
d’eau, il faut se rendre à Little Venice, un charmant petit quar-
tier qui se trouve à deux pas de la gare de Paddington, celle-là
même où la famille Brown trouva l’ourson de peluche connu
dans le monde entier ! Little Venice était au
xix
e
un faubourg
où les aristocrates logeaient leurs maîtresses. Avec ses petits
ponts et son bassin d’où partent les fameux
narrow-boats
, ces
péniches étroites, entouré de charmants bateaux-cafés, Little
Venice n’a plus rien de sulfureux. Il surprend en revanche par
son caractère paisible et champêtre. Les joggeurs empruntent
les berges du Regent’s Canal, les canards suivent le prome-
neur ou le rameur en
paddle boat
; et la quiétude des lieux ne
laisse en rien deviner que nous sommes au cœur d’une des
plus grandes villes du monde.
Mais il est temps d’embarquer à bord du
Perseus
, de la com-
pagnie Waterbus, pour une croisière sur le Regent’s Canal.
Il relie le Grand Union Canal à la Tamise. C’est grâce à ces
voies fluviales que le charbon fut acheminé du nord au sud de
l’Angleterre à partir de sa construction au début du
xix
e
siècle.
Délaissé au profit du chemin de fer et de la route, il fut sauvé
in extremis par l’installation de lignes électriques sur ses
berges dans les années soixante-dix ; avant de devenir un des
secrets les mieux gardés par les habitants des quartiers nord
de la capitale.
En route vers l’est, on découvre plusieurs ouvrages d’art
symboliques de l’ère industrielle, comme un aqueduc, plu-
sieurs tunnels et ponts métalliques. Le canal semble ensuite
s’enfoncer dans la verdure en longeant le célèbre Regent’s
Park et le quartier chic de Primrose Hill. De part et d’autre du
canal, des volières gigantesques et des clôtures indiquent que
nous traversons le fameux zoo de Londres. Un quai permet
d’ailleurs aux détenteurs d’un billet spécial d’entrer dans le
zoo par le canal.
Tout au long du parcours, des dizaines de péniches bigarrées
et en état de naviguer nous rappellent qu’en Angleterre, du
nord au sud, la culture fluviale est particulièrement vivante.
Sur les berges, quelques villas somptueuses évoquant l’Anti-
quité grecque nous ramènent à l’époque où son architecte,
John Nash, avait imaginé le canal comme un moyen de réa-
ménager entièrement le nord de Londres. Seules quelques
villas furent pourtant construites, car les riches voisins du
Regent’s Park n’appréciaient guère la compagnie des bate-
liers, considérés comme des « gitans de rivières ».
En approchant des écluses du quartier de Camden, l’atmos-
phère se fait justement plus populaire et plus branchée à
la fois.