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Salaün

Magazine

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UNE VILLE

DE TOUS LES ARTS

Nombre de personnalités de

tous domaines ont marqué

leur attachement sentimen-

tal à Prague. Des écrivains,

Kundera, Rainer Maria Rilke,

Havel ; des peintres, Mucha ;

des savants, Kepler, Brahe ;

des musiciens, Beethoven,

Smetana, Dvorak ; des spor-

tifs, Navratilova, Zatopek…

Mais deux figures restent

indissociables de l’âme pra-

gois  : Franz Kafka etWofgang

Amadeus Mozart. Enfant de

la ville écrivant en allemand,

Kafka est ici omniprésent

par les sites, les statues, les

cafés, etc, qui portent son

nom. Il résida en divers lieux

de la capitale, qui, par son art

de vivre empli de convivialité,

n’avait pourtant rien de… kaf-

kaïen. Mozart, lui, viendra à

Prague trouver la consécra-

tion et l’amitié des Tchèques

alors qu’il est boudé par une

partie de l’aristocratie de

Vienne. Il a déplu, entre autres,

par son opéra “

Les Noces

de Figaro

” où il ose faire se

mettre à genoux un noble

devant sa servante. L’œuvre

est retirée des théâtres vien-

nois et triomphe à Prague

où ce culot amuse. Mozart

s’y rend pour voir ce succès

de ses yeux et compose en

remerciement

la Symphonie

n° 38 en ré majeur

. Surtout,

il promet aux Pragois que

son prochain opéra sera

créé ici, dans leur Théâtre

des États, avec sa belle salle

néo-baroque. Et ce sera le

triomphe de l’œuvre maî-

tresse “

Don Giovanni

” dirigée

par Mozart lui-même le 28

octobre 1787. Un opéra tou-

jours joué dans un endroit ou

l’autre de la ville de nos jours.

Quant au Théâtre des États,

il est toujours bien debout

dans la Vieille Ville, et a servi

de décor plus vrai que vrai

au film “Amadeus” de Milos

Forman.

“Ce sont des merveilles baroques au milieu d’autres styles sur

la rive droite de la rivière. Je vous emmène maintenant de

l’autre côté, là où le baroque prend toute son ampleur”.

à la rive gauche

Passée la rue de Paris, la plus chère de Prague, qui s’ouvre

au pied de l’église hussite Saint-Nicolas-de-la-vieille-ville

avec des boutiques de marques de luxe, l’objectif de Katerina

est de nous faire découvrir l’autre Saint-Nicolas, celle très

baroque de Mala Strana. “Le baroque n’est pas uniforme, il

a connu des périodes un peu plus sobres et d’autres explo-

sives, mais toujours pour affirmer la victoire du catholicisme

sur toutes les réformes.” La Bohême, et Prague en particulier,

furent ébranlées par l’émergence de la contestation interne

au clergé, par, entre autres, Jan Hus, qui réclamait un retour

à la sobriété de l’Église, un préambule au protestantisme. Les

Habsbourg n’eurent de cesse de combattre cette contestation.

Les disciples de Jan Hus, les hussites, et les protestants seront

écrasés dans la bataille de la Montagne Blanche en 1620,

tournant de la guerre de Trente Ans qui enflammait l’Eu-

rope. Véritable guerre civile européenne, elle donna à l’Église

catholique victorieuse et aux familles régnantes la volonté

d’imposer leur dogme définitivement par la magnificence

d’édifices religieux et palais comme humiliation finale aux

réformistes. L’art baroque était lancé et règnera jusqu’à la fin

du

xviii

e

siècle.

À Prague, deux grands sculpteurs se disputeront les faveurs

de commanditaires. Mathias Bernard Braun (1684-1738)

En haut : Près du pont Charles,

la Statue de Smetana.

En bas : façade l’opéra de

Prague où Mozart créa

Don Giovanni

”, son œuvre

maîtresse.