Avant de regagner Volgograd, après cette étape
chez Ivan, nous avons choisi de passer une jour-
née à Astrakhan. Initialement il était prévu une
virée dans l’estuaire de la Volga, au sud de la
ville. Mais cet estuaire est à l’image du fleuve
qu’il disperse dans la Mer Caspienne : démesuré,
tentaculaire, gigantesque…
C’est un dédale de bras et de cours secondaires,
desservis par des chemins que la neige rend dif-
ficilement praticables. S’y hasarder serait trop
risqué pour un résultat aléatoire : la neige cou-
vre sans distinction le fleuve gelé et les terres
qui bordent son lit.
Dernier port de ce fleuve avant la mer, Astra-
khan est une ville – 900 000 habitants – un peu
foutraque et – pour causer franc – un peu bor-
délique. Attachante, pour tout dire.
Mais ce qui fait le véritable charme d’Astrakhan,
c’est son pluralisme culturel et ethnique. Son
caractère délicieusement cosmopolite. On est ici
aux portes de l’Asie Centrale et les visages sont
le reflet de cette diversité et du métissage qu’il
entraîne. Les blondes se font brunes ; les grands
yeux bleus se brident et brunissent. Astrakhan a
perdu sa prospérité passée, mais il y fait encore
bon vivre. Peut-être, un jour, retrouvera-t-elle
son lustre d’antan. Même si le caviar qui avait
fait sa réputation et sa fortune a disparu pour
toujours des étals du marché.
L’esturgeon n’apprécie ni la pollution, ni le bra-
connage.
A Astrakhan,
on supportait encore
la petite laine
Salaün Magazine
l
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Le port fluvial d’Astrakhan, à quelques kilomètres de la Caspienne
Marché d’Astrakhan