Salaün
Magazine
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à chiraz
,
le vin a été tiré
Chiraz est une jolie porte d’entrée en Iran. On dit d’elle qu’elle
est la ville la plus persane du pays, la ville des poètes et des
philosophes, et qu’elle compte les femmes les plus belles.
Il est vrai que Chiraz ne manque pas de charme, avec ses
parcs verdoyants, ses mosquées et mausolées aux couleurs
pastel, sans oublier les tombeaux de Hafez et Saadi, les deux
plus grands poètes et philosophes persans, qui reposent là, à
l’ombre des cyprès. Dans ce pays de grande culture, ils sont
l’objet d’une vénération impressionnante.
Moraliste réputé, Saadi a inspiré Jean de La Fontaine, et son
œuvre la plus connue, le
Golestan
(“Le Jardin des roses”), est
une sorte de traité du bonheur qui ne se gagne que dans la
modération et la vertu.
Hafez, né à Chiraz au début du
xiv
e
siècle, suit la même tra-
dition et prône un hédonisme épicurien et raisonné – “sa-
tisfais-toi de ce qui t’a été donné”. Dans la meilleure veine
persane, il chante le vin, l’amour, les plaisirs de la terre…
Le vin, notamment, était constamment présent dans la lit-
térature et la vie de l’ancienne Perse. On le retrouve dans
les poèmes et les récits historiques, dans les bas-reliefs de
Persépolis, et il honorait de sa présence toutes les fêtes et les
cérémonies. Il n’y avait plus noble cadeau qu’une amphore de
vin. “Bois du vin. Déjà ton nom quitte ce monde quand le vin
coule dans ton cœur, toute tristesse disparaît”, chantait, au
xii
e
siècle, le poète Omar Khayyamdans ses célèbres
Rubâi’yât
(
Les Quatrains
). C’était le bon temps! Chiraz était couvert de
En haut : à Chiraz, les
jardins et le mausolée
de Hafez, l’un des plus
poètes persans. C’est
un vrai lieu de pèlerinage
et de recueillement pour
les Iraniens qui lui vouent
une véritable vénération.
En bas : une étudiante
en beaux-arts travaille
sur les peintures murales
d’un temple de Chiraz.
Et il y a de quoi faire !