Salaün
Magazine
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reportages
d
’
ici
et
d
’
ailleurs
|
grèce
A
ccessible par avion, suffisamment étendue – 80 kmpar 38 km
– mais pas trop, l’île de Rhodes est une destination idéale
pour un court séjour de découverte du monde grec, ou en-
core comme base pour explorer les richesses du Dodécanèse.
Empruntant à la Crète par son ambiance à la fois balnéaire
et rurale, Rhodes offre aussi l’intimité d’une petite île et les
vestiges d’une grandeur qui en ont fait un des phares de notre
civilisation. Plus encore que les îles voisines de la mer Égée,
Rhodes et le Dodécanèse se démarquent par l’histoire de leur
peuplement. La culture et le tempérament des îliens est en
effet marqué par l’Antiquité grecque, la période byzantine,
l’ère des croisades, la puissance de Rhodes au temps des hos-
pitaliers de Saint-Jean, les longs siècles sous le joug ottoman
et l’occupation italienne au
xx
e
siècle.
Faisant fi de la chronologie, c’est le plus souvent en passant
l’une des portes fortifiées de la cité que l’on pénètre dans
Rhodes et son histoire fabuleuse pour la première fois. C’est
ici que, chassé de la Terre sainte, puis de Chypre, l’ordre ca-
tholique religieux et militaire de Saint-Jean, qui s’érigeait
en rempart contre les Sarrasins, s’installe en 1310. Il dote
alors l’ancienne cité byzantine de Rhodes d’impressionnants
remparts et de onze portes, qui en font une des plus grandes
places fortes médiévales d’Europe, aujourd’hui inscrite au
patrimoine mondial de l’humanité. La rue des Chevaliers, où
se trouvent les auberges des langues, est une des plus évoca-
trices des grandes heures de l’ordre. Les chevaliers de passage
à Rhodes y étaient regroupés par langue (français, italien,
provençal, aragonais, allemand). Il en reste quatre dans cette
rue, dont la superbe auberge de France. Le palais des grands
maîtres, bien que réhabilité avec plus ou moins de réussite
sous la période fasciste italienne, est un impressionnant châ-
teau fort construit au
xiv
e
.
L’
ombre de
S
oliman
On flâne avec délice dans cette ville chargée d’histoire. À
quelques pas du quartier des auberges, l’ambiance prend un
ton très ottoman avec ces ruelles héritières de l’ancien bazar
et le minaret de la mosquée de Soliman le Magnifique en ar-
rière-plan. C’est ce dernier qui parvint finalement à prendre
possession de Rhodes au nom de l’Empire ottoman, après un
siège de six mois, en 1522, et à contraindre l’ordre de Saint-
Page précédente : vue sur Lindos et son acropole, un des
plus beaux villages grecs, sur la côte est de Rhodes.
Ci-contre : le cœur de la ville de Rhodes a gardé une âme ottomane.
Au centre : une représentation imaginaire du fameux colosse
de Rhodes, une des merveilles du monde antique.
À droite : la rue des Auberges est une des mieux conservées du Rhodes
médiéval, construit par les hospitaliers de l’ordre de Saint-Jean.
Double page suivante : les vestiges de la ville de Kamiros,
qui fut la plus importante de l’île, au
vi
e
siècle av. J.-C.
5 km
Mer Égée
Mer Méditerranée
Lindos
Kolympia
Laerma
Koskinou
Monolithos
Macheria
Mesanagros
Kamiros
Theologos
Rodos
RHODES
Rhodes