Salaün
Magazine
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un
tour
en
ville
|
valparaiso
PISCO SOUR,
LE COCKTAIL DES STARS
C’est “le” cocktail de l’Amérique
du sud. Le pisco sour. C’est
aussi celui de la discorde. Le
Chili et le Pérou se disputent
sans fin sa paternité.
À sa base, il y a le pisco, un
alcool blanc de raisin produit
dans les deux pays, à partir
d’un cépage importé par les
Espagnols. Ce que l’on sait,
c’est que la recette finale fut
élaborée à Lima, au Pérou, par
un barman de l’hôtel
Maury
qui
eut l’idée d’ajouter au mélange
alcool-sucre-jus de citron, un
blanc d’œuf. Cet hôtel ainsi
que l’hôtel
Bolivar
étaient fré-
quentés par des stars comme
John Wayne, Ava Gardner ou
Orson Welles, grands soiffards
devant l’Éternel, qui firent une
publicité mondiale au pisco
sour.
La recette :
• 10 cl de pisco
• 1 jus de citron vert
• du sucre de canne
• un blanc d’œuf
• Éventuellement quelques
gouttes de bitter Angustura.
• Mélanger au shaker avec de
la glace…
Et, bien sûr, une bonne dose
de modération !
La nuit, les quartiers du port offrent un visage lugubre et deviennent le refuge des
paumés et de la misère du petit peuple des ports de commerce.
Le bar du
Liberty,
le plus ancien du port de commerce, collectionne les chapeaux
et coiffures de ses clients… Toute la journée, il est animé. Le soir, il devient chaud!
Nous nous y sommes rendus à pied, depuis l’hôtel. Tout au long du chemin, les
chauffeurs de taxi ralentissaient à notre hauteur pour nous dissuader de continuer,
montrant avec insistance mon appareil photo que l’on allait à coup sûr me dérober.
Mais notre guide nous avait assuré, lors des visites de la journée, que ce soir-là,
nous n’aurions rien à craindre.
Ce soir-là, le Chili, dernier vainqueur de la Copa America, affrontait l’Argentine, à
Santiago, dans un match de sélection pour la Coupe du monde.
Le
Liberty
a fait le plein. Dockers, marins, lamaneurs, tout le peuple du port de
commerce est là, marqué par la dureté de la vie. Ils sont tous sortis de la nuit pour
partager ensemble un moment de bonheur, de chaleur et d’amitié. On boit, on
chante, on crie, on s’emporte, dans une sorte d’immense désordre, comme celui
d’une houle du large qui se brise sur la grève.
Et soudain, le bar explose: les Chiliens ont vaincu une nouvelle fois les Argentins!
Devant le bar, Ronan fraternise avec ses nouveaux amis, ceux-là mêmes qui,
quelques minutes plus tôt, étaient censés nous détrousser.