Salaün
Magazine
| Page 12
à
découvrir
|
bréhat
paimpol
,
la mer en héritage
Il y a toujours un parfum d’aventure à déambuler sur les
quais de Paimpol, qui a vu tant de marins partir pour des
destinations lointaines, à flâner dans les ruelles du port, entre
maisons d’armateurs et bistrots à matelots, en espérant croi-
ser ce fameux Yves, pêcheur d’Islande cher à Pierre Loti, ou la
silhouette nonchalante d’un Corto Maltese en bordée.
Car Paimpol, l’un des principaux ports bretons, est depuis
longtemps la patrie de navigateurs audacieux. Dès la fin du
Moyen Âge, on retrouve ces derniers sur les bancs de Terre-
Neuve et peut-être déjà en Amérique du Nord, un nouveau
monde que vient de “découvrir” Christophe Colomb. Les
registres de l’abbaye de Beauport mentionnent qu’ils rame-
naient de la morue, écoulée ensuite dans toute l’Europe dans
les années 1 500. On peut désormais visiter les bâtiments en
partie ruinés de ce couvent situé en bord de mer et propriété
du Conservatoire du littoral. Les moines ont autrefois amé-
nagé un vaste polder le long de la baie de Paimpol.
pêcheurs d
’
islande
La grande pêche transocéanique a profondément marqué
l’histoire et la culture de la région. Elle a connu un dévelop-
pement extraordinaire au
xix
e
siècle. Dès 1835, on recense
1 300 marins paimpolais en campagne autour de Terre-
Neuve. En 1850, ils fréquentent les grands bancs de morues
autour de l’Islande et on compte plus d’une vingtaine d’ar-
mateurs dans la ville. Chaque printemps, entre 1 860 et 1920,
ils envoient plusieurs dizaines de goélettes, des navires spé-
LES VERRERIES
DE BRÉHAT
C’est en 1998 qu’Yves Neumager
pose ses valises sur l’île de Bré-
hat, après avoir connu d’autres
vies comme kiné ou gérant de
discothèque. Il a dans l’idée de
créer quelque chose de neuf en
Bretagne, qui n’existait pas, et se
lance dans la verrerie de luxe.
L’entreprise entend profiter du
cadre exceptionnel de l’île, qui
attire les touristes comme les
journalistes, tout en respectant
scrupuleusement l’environne-
ment. Les verreries se spécia-
lisent d’abord dans la quincail-
lerie et les arts de la table, en
créant notamment des boules
d’escalier et des boutons de
porte. Chaque exemplaire est
une création unique. Yves Neu-
mager a également l’idée de
créer un petit personnage de
marin, tout de verre coloré, qui
devient rapidement “le” souvenir
à ramener de Bréhat.
À partir de 2004, l’entreprise
commence à exporter ses pro-
ductions, notamment vers le
Moyen-Orient et l’Asie. Elle a
récemment lancé une gamme
de luminaires. Les décorateurs et
les plus grands architectes d’in-
térieur dumonde font désormais
appel à ses services, notamment
pour la décoration de palaces
comme le Georges V à Paris.
Installés dans l’ancienne for-
teresse de Bréhat, les ateliers
des verreries sont ouverts au
public et permettent de voir tra-
vailler en direct une douzaine
d’artisans verriers. L’occasion de
découvrir cet art du feu, cette
alchimie étonnante qui voit le
sable se transformer en verre
aux mille couleurs.
Plusieurs dizaines de personnes
visitent ces verreries, parmi les
plus modernes d’Europe, qui
contribuent à faire de Bréhat un
Murano breton.