un
tour
en
ville
|
lisbonne
Salaün
Magazine
| Page 15
A
ssise sur sept collines, comme Rome, Lisbonne est avant tout
un port maritime, l’un des plus majestueux d’Europe. Il fait face
à l’estuaire du Tage, le plus long fleuve de la péninsule Ibérique,
dont le cours s’élargit pour former un golfe qui lèche les rives de
la cité. Les Lisboètes le surnomment “la mer de paille”, car les
rayons cuivrés du soleil s’y reflètent à la tombée du jour. Fondée
par les Celtes, occupée par les Phéniciens, les Romains et plus
tard des peuples germaniques et les Maures venus de l’autre
côté du détroit de Gibraltar, elle est une des plus vieilles cités
d’Europe. On l’embrasse du regard en franchissant le célèbre
pont suspendu du 25 Avril, le “Golden Gate portugais”, construit
en 1966 dans la même teinte orangée que son cousin de San
Francisco. Surplombant le pont et toute la ville, la gigantesque
statueduChrist rédempteur relie elle aussi Lisbonne à l’Amérique
et à son ancienne colonie brésilienne. Elle est en effet inspirée
du célèbre Christ de Rio. En quête de sensations fortes, on peut
aussi aborder Lisbonne en amont du fleuve, en parcourant les 17
km du pont Vasco de Gama, le plus long d’Europe, qui franchit
le Tage et son delta. Il a été inauguré en 1998, pour l’Exposition
universelle qui célébrait aussi les 500 ans de la découverte de la
route des Indes par les Portugais.
En abordant Lisbonne par ce quartier contemporain, on reçoit
une première leçon sur le Portugal. Dans ce pays, modernité et
mémoire vont le plus souvent de pair. Les réalisations architectu-
ralesdeprestigeduquartier, comme le téléphériquequimène à la
tour Vasco de Gama, la gare d’Orient, l’Oceanariumou encore les
pavillons de l’Expo universelle sont en effet empreintes de réfé-
rences au passé maritime et colonial du Portugal. Ce quartier de
Lisbonne témoigne aussi de l’esprit bâtisseur qui anime ce petit
pays qui fut un empire. Il atteste en effet du goût durable des Por-
tugais pour le génie civil, les ouvrages d’art, les infrastructures
de transport. Le quartier du parc des Nations n’est pas le plus
chaleureux de la capitale, mais il est, avec les docks d’Alcantara,
où s’alignent de nombreux bars et clubs branchés, la vitrine d’une
ville en plein renouveau depuis la fin du XX
e
siècle.
baixa
,
la renaissance d
’
une ville
En descendant le Tage en direction du centre, les murs de verre
s’effacent et les fondamentaux lisboètes se dressent à l’hori-
zon, formant un fabuleux diorama grandeur nature : l’immense
estuaire du Tage qui lèche ses bas quartiers, ses sept collines,
ses vieux tramways qui rasent lesmurs sous l’œil bienveillant du
château de Sao Jorge.
On aborde le cœur de Lisbonne, dans le quartier de Baixa, la ville
basse, nichée entre plusieurs collines. LagrandePraçadoComé-
rcio, ouverte sur le Tage, ainsi que les berges alentour ont été ré-
cemment rénovées pour le plus grand bonheur des flâneurs. On
peut accéder au sommet de l’arc de triomphe de style baroque
de la place du Commerce pour obtenir une vue imprenable sur le
Tage et la ville basse. Baixa est composé d’une série d’avenues
élégantes et à taille humaine, entrecoupées de petites rues qui
forment un quadrillage impeccable. Elles sont bordées de beaux
immeubles à arcades. La rue piétonne Augusta, où s’alignent les
restaurants, les cafés et surtout les pâtisseries dont raffolent
les Portugais, mène tout droit sur la place du Rossio, officielle-
ment dénommée place de Dom Pedro IV, le point névralgique
du centre ville. On s’étonne à ce stade de découvrir une ville au
plan rigoureux avec des faux airs de villes du nord. Aucune trace
de la présence des Maures ou du passé médiéval lisboète dans
les élégantes rues du Baixa. L’explication est simple : Lisbonne
a été entièrement détruite par le grand séisme de 1755, dont
les secousses se firent sentir jusqu’en Finlande. Ravagée par le
tremblement de terre, la ville fut aussi submergée par un tsunami
et connut de terribles incendies. Le roi du Portugal, absent de la
ville ce jour-là, en fut quitte d’une phobie qui le poussa à passer le
reste de sa vie sur une colline des faubourgs dans un complexe
de tentes, pour pouvoir échapper à une éventuelle catastrophe. Il
chargea cependant le marquis de Pombal de reconstruire la ville
avec des procédés antisismiques. Joliment pavées, grouillantes
d’animations, les rues et places commerçantes de Baixa et son
élégante gare de style néo-manuélin sont le point de passage
obligé des Lisboètes et des visiteurs. En s’éloignant de l’estuaire,
on accède à un quartier moderne, autour de la place du marquis
de Pombal. Son immense statue contemple le centre-ville, dont
il a dirigé la reconstruction. Il s’étire le long de l’avenue de la Li-
berté, l’artère de prestige de la ville, jusqu’au parc Eduardo VII, où
flotte un immense drapeauportugais et qui offre une perspective
impressionnante sur la ville en contrebas. D’ici, on atteint facile-
ment plusieurs sites à visiter lors d’un séjour prolongé, comme
les arènesde Lisbonne, lemuséeGulbenkianet, pour le shopping,
le célèbre grandmagasin El Corto Inglès.