Salaün Magazine n°7 - page 27

Salaün
Magazine
| Page 27
DOSSIER |
L'Ouest américain
des cheminées de fées qui rap-
pellent les formations géolo-
giques de la Cappadoce turque.
C'est le nom d'un charpentier
qui y vivait au
xix
e
siècle qui a
été donné à ce parc. Ce sont les
dépôts de sédiments accumulés
au fond des lacs qui couvraient
la région qui sont à l'origine
de ce paysage. Appartenant,
comme le Grand Canyon et celui
de Zion, à l'ensemble baptisé «
le grand escalier », le paysage
fascinant de Bryce provient lui
aussi du soulèvement du plateau
du Colorado. Il en forme d'ail-
leurs la dernière marche, la plus
élevée, celle qui emporte d'ail-
leurs les faveurs de la plupart
des voyageurs par sa splendeur.
Les périodes de glaciation et de
submersion qui ont succédé à ce
soulèvement ont creusé dans la
roche une douzaine d'amphi-
théâtres d'une beauté époustou-
flante. Rose, orange, ocre, rouge
: d'heure en heure, la roche et la
lumière forment un ballet majes-
tueux. Les arches creusées dans la pierre
nous rappellent que le site est une sorte
de grotte sans toit. Les pics et cheminées
de fées ne sont pas les seules formations
du parc, qui abrite aussi un profond
canyon. Nombreux sont les Américains
qui séjournent plusieurs jours à Bryce,
dans les campings officiels, en quête de
nature et de tranquillité. Et pour y goûter
à une atmosphère et une poésie que rien
ne semble à même de contrarier.
Las Vegas, la «ville-jeu»
Las Vegas ouvre une parenthèse haute
en couleur dans notre tournage, rythmé
depuis Los Angeles par une succession
d'espaces naturels grandioses. Oasis au
milieu du désert depuis l'époque de la
conquête de l'Ouest, « la Ville du vice »
est aujourd'hui plus sage qu'à l'époque
où elle fut fondée pour héberger des
milliers d'ouvriers du chemin de fer. Ca-
naille dès ses origines, elle fut aussi une
des places fortes de la mafia américaine,
qui y fonda un premier casino, le cé-
lèbre
Flamingo
, en 1946. Si Las Vegas a
aujourd'hui perdu le monopole des casi-
nos, le business du jeu domine toujours
la ville. C'est lui qui justifie la présence
d'hôtels gigantesques à l'architecture et
à la décoration hallucinantes. Avec ses
casinos et néons à l'ancienne, le vieux
Vegas, traversé par la célèbre Fremont
Street, semble aujourd'hui hésiter entre
son passé sulfureux et la voie suivie par
la grande artère voisine, où rien n'est
assez clinquant, assez grand ou assez
fou. C'est en effet le long du Strip, une
interminable avenue bordée de casinos
gigantesques, que la réalité dépasse l'en-
tendement. La frontière entre le jour et
la nuit s'efface rapidement, tout comme
celle qui différencie les espaces déme-
surés dédiés aux jeux, à la restauration
ou au shopping. Il faut se laisser porter
par cette atmosphère hallucinante, car
il est impossible d'aller contre. On che-
mine d'escalators en ascenseurs ; on ne
sait plus tout à fait si l'on est dedans ou
dehors, ni d'où l'on vient et où l'on va.
Ici, on découvre une vaste salle de ca-
sino traversée par le Pont-Neuf et dans
laquelle plonge un pied d'une immense
tour Eiffel qui s'élève dans le ciel de Ve-
gas ; là, on sillonne en gondole les ca-
naux du
Casino Venise
jusqu'à une vaste
place Saint-Marc, sous un ciel et dans
une lumière vénitienne d'un réalisme
stupéfiant. Alors même qu'on se sait
au premier étage d'un casino.On peut
trouver à certains casinos un caractère
ostentatoire à la limite du bon goût.
Mais par leur gigantisme, leur manière
unique de conjuguer luxe et attractions
bon enfant, la plupart des casinos de
Vegas parviennent à stupéfier les plus
rétifs. On aime ou on déteste, mais on
ne peut rester de marbre face à ce qui est
à la fois un monde à part et une halluci-
nation urbanistique.
On joue, on boit, on déambule, on fait
des achats, et on se marie aussi à Vegas.
Pour une poignée de dollars, on peut en
effet convoler de manière tout à fait of-
ficielle et en quelques minutes dans des
chapelles de mariage plus clinquantes
les unes que les autres. Dans les avenues
adjacentes au Strip, des limousines de
parade vont et viennent d'une chapelle
à l'autre, et les photographes de mariage
y vont de bon cour.
Ici encore, les qualificatifs manquent
pour décrire la puissance dégagée par
l'immensité, la chaleur brûlante, la force
du vent qui balaye le lac salé, les som-
mets rougeâtres et les dunes de sable
qui composent un tableau inouï. L'eau,
l'ombre ou encore les traces de civili-
sation sont rares dans la Vallée de la
Mort. Mais le paysage est dantesque.
Notre premier arrêt au bord du lieu-dit
Badwater met notre résistance et celle de
notre caméra à l'épreuve. Dans cette cu-
on ne peut rester de marbre
face à ce monde à part,
cette
hallucination urbanistique.
Il ne s'agit ni de Venise ni de Paris, mais simplement de Las Vegas, une ville
où toutes les folies architecturales sont permises.
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